Les Maires de Champagné-Saint-Hilaire

Jean Vincent BOURDIER (1791-1842) - Premier Maire

Le maire qui succède au sénéchal – maire, et qui est le vrai premier maire de Champagné, s'appelle Jean Vincent Bourdier. Son élection a lieu le 4 novembre 1792, un mois et demi après la proclamation de la République. C'est un jeune homme de 31 ans qui commence une longue carrière au service de sa commune, carrière effectuée sans doute comme un sacerdoce de prêtre laïc car il ne se mariera jamais.

Né le 17 février 1761 – sept ans avant Napoléon Bonaparte- il est le cinquième enfant d'une famille qui en compte dix. Son père, Jean Bourdier, a épousé, à l'âge de 36 ans, Renée Béra, de 11 ans sa cadette. Celle-ci est la plus jeune sœur de Louis Béra, le notaire de Boisvert. Le mariage a eu lieu à Champagné où le couple a d'abord vécu et où les quatre premiers enfants sont nés. Les derniers, dont Jean Vincent, sont enregistrés par le curé de Romagne où la famille a dû s'installer à la ferme de Champron.

En juillet 1816, après un quart de siècle de bons et loyaux services, Jean Vincent Bourdier passe la main à son cousin, Jean Guitteau. Mais il reste adjoint, avec Mamnès Nallet dit Généreux. Jean Guitteau est alors un homme de 65 ans. Il a été notaire à Champagné jusqu'en 1790, date à laquelle meurt son épouse, suite à la naissance de son neuvième enfant..

Mais la carrière de maire est loin d'être terminée pour Jean Vincent Bourdier puisqu'entre le 27 juillet et le 21 août 1823, il retrouve la fonction de premier magistrat de la commune. Et sans discontinuer, il va apposer sa signature au bas des actes d'Etat-Civil jusqu'au 6 avril 1835, sous Louis Philippe, jusqu'à 74 ans. De santé robuste, il vit encore 9 ans et décède le 18 septembre 1842 à l'âge de 83 ans.



Des maires bien enracinés

Jean Mamnès Nallet habite Boisvert quand il déclare la naissance de son fils Jean-Pol en mars1815 (au moment où Napoléon rentre de l'Ile d'Elbe). Il est propriétaire aux Vallées en 1835. Il porte le surnom de Généreux, comme son ancêtre. Il meurt le 23 juin 1867 et sa tombe est visible dans l'angle sud-ouest du cimetière C'est lui qui aurait construit une garçonnière près de   Rocheveille, la grotte située non loin des Vallées.


Pierre Maupetit habite La Fontenille. A l'âge de 35 ans, il est maire quand Napoléon III se fait sacrer empereur. Il le reste jusqu'en janvier 1858, mais en 1863, il se signale en demandant à faire passer la route de Gençay par son village. Il s'oppose à Louis Maurice Bertrand de Boisbrault et sa lettre de 1863 est criblée de fautes d'orthographe.


Jean Chopin lui succède pour un an seulement. C'est quelqu'un de la génération précédente, né en 1799, propriétaire à Lussabeau, rentier au début des années 1870.

Après avoir été l'adjoint de Bonnal, Louis Maurice Bertrand devient maire pour moins d'un an. Il est né au moulin de Vieillemonnaie le 22 septembre 1824 où son père Pierre Bertrand était meunier.

 

François Dégusseau est d'une famille de charpentiers. Son père, comme son grand-père l'étaient. En 1876 il est propriétaire, marié à Madeleine Carron, sans enfant.


Olivier Argenton habite le bourg où il est propriétaire et marié à Françoise Pérochon. Ils n'ont qu'un fils né en 1873.


Eugène Boucheron habite à Lépinoux où il est un gros propriétaire puisque en 1866, il est classé quatrième dans la liste des 30 plus imposés de la commune. Sa femme est Théonie Béra, fille de Louis Zéphirin et il a deux enfants Gabrielle et Léopold.


Quatre maires singuliers

Quatre maires seulement ne sont pas de gros propriétaires, exploitants ou non.                    

Jean Guitteau commence son mandat un an après l’abdication de Napoléon Ier. C’est un homme de 65 ans, né à Champagné. Il y a été notaire et procureur royal jusqu'en 1790, date à laquelle meurt son épouse, suite à la naissance de son neuvième enfant. Il arrive que des lettres lui parviennent en tant que maire à Poitiers, rue des Hautes Treilles.


Alfred Amillet (qui signe Claude Amillet) est né en 1816 hors de la commune : est-ce à Leignes/Fontaines ou à St Léger les Melle ? Le premier recensement, celui de 1851, le désigne comme médecin et maire habitant chez Marie France Clémot, veuve de Jean-Baptiste Abrioux. Ce dernier était officier de santé à Champagné jusqu'à son décès le 2 juin 1844. On peut donc supposer qu'Alfred Amillet lui a succédé. Pourquoi est-il devenu maire en 1848 sous la Deuxième République ? Il était l’ami de Zéphyrin Béra, juge de paix de Gençay.


Marcellin de Bonnal est un cas exceptionnel. Comment un homme né à Villeneuve-sur-le-Lot en 1816 peut-il devenir maire de Champagné-Saint-Hilaire en 1859 ? Il ne réside pas dans la commune et il n'est propriétaire que d'une petite pièce de terre à Lépinoux…Mais il a 43 ans et de « l’expérience ». Devenu journaliste, il entre comme rédacteur au journal parisien « La Presse » dont le tirage a pu monter à 78 000 numéros, essayiste, il a publié deux livres à thèmes politiques, ce qui lui a valu de fuir en Espagne le régime de Napoléon III. Il en revient et n’a aucun cas de conscience à être le soutien du Second Empire libéral. Il habite au village de Passy, rue de Saint Cloud, puis à Millac près de l’Isle-Jourdain car le 12 août 1850, il a épousé dans ce village la veuve de Jean baptiste Louradour-Ponteil, propriétaire et « sabliste ». Le voilà donc, par son mariage avec Alphonsine Béra, le gendre de Zéphyrin et lié à Champagné-Saint-Hilaire. De plus, une loi de 1855 autorise les Préfets à nommer des maires hors de leur Conseil Municipal. Cela lui permet par exemple d’écrire avec autorité au Préfet de la Vienne dans une lettre à l’Isle Jourdain le 16 mai 1859 : "Je me trouverai à Champagné dimanche prochain, 20, pour y présider le Conseil Municipal."


Pierre Péronneau habite le bourg où il est propriétaire. Né en 1834, il devient maire la première fois en 1863, à 29 ans. Il a épousé Léonie Pain, veuve Sire qui lui a donné un enfant. C’est un maire très sérieux ce qui lui vaut de faire d’autres mandats : du 13 novembre 1873 au 24 novembre 1874, avant de démissionner et d’être remplacé par son adjoint Alexandre Baudin, et du 11 février 1881 à avril 1884.



La transition du XIXème au XXème siècle

Le dernier maire du XIX e siècle est Louis Sainturat élu en 1892 et le premier du XXe siècle est Louis Maupetit élu le 28 avril 1901. Tous les deux sont liés à la terre par la propriété ou par la rente, selon la tradition presque toujours respectée.

Mais les crises idéologiques et politiques qui ont menacé la République ont renforcé l’esprit républicain en France. Et les élections municipales des 1 et 15 mai 1904 ont porté pour la première fois à la mairie de Champagné une majorité républicaine. Anatole Gouge est élu maire et Alexis Sandillon adjoint. Trois semaines après son élection, Anatole Gouge préside le Conseil Municipal qui adresse une lettre au Ministère Combes dans laquelle il le félicite de persister énergiquement « dans la voie de défense républicain« et anticléricale… » Il décède en pleine guerre le 16 novembre 1916.

 

Quinze maires se sont succédé de Jean Vincent Bourdier (1792) à Louis Maupetit (1901), ce qui fait une moyenne de 7 ans au service de la commune.