Larrons en foire début du 20 ème siècle

Mieux que Las Végas ou Chicago, venez à Champagné-Saint-Hilaire (86160), vous trouverez les mêmes « animations » que dans ces 2 villes, et vous ne paierez pas le voyage vers les Etats Unis.

 

 

« S'entendre comme larrons en foire ! » Ou  « Comment se laisser manger la laine sur le dos ? »

            (Un récit où Champagné est le théâtre d'actes peu recommandables)

 

Le 19 juin dernier, jour de foire à Champagné-Saint-Hilaire, une foule nombreuse, mise en gaieté par un soleil resplendissant, se pressait dans notre bourg. A cette foire se vend la laine récoltée dans la région.

 

Les arrivages de boeufs, vaches, moutons, porcs, chevaux, etc...ont été considérables, et plus particulièrement en ce qui concerne les vaches des Landes qui se sont très aisément vendues.

Des pickpockets d'un genre bien connu n'avaient point manqué de venir exercer leur talent, au plus grand dommage, naturellement, de nos concitoyens. On entend crier : « La voici ! La voilà ! La revoici ! La revoilà ! » C'est le truc du pois couvert par une coque de noix, ou une plaque de zinc marquée à la craie. A chaque jeu trois coques ou plaques sont nécessaires ; et après, que craignent les bonneteurs ? La gendarmerie !

 

Mais un service d'avant-poste est superbement organisé. A l'entrée du champ de foire, un compère est couché sur le gazon et, de l'avenue ou rue principale, une femme veille, tout en offrant au passant un papier à lettre ; si elle aperçoit au loin le tricorne de pandore, elle rebrousse chemin immédiatement et, arrivée près des forains, elle crie plus fort que jamais : « Le voilà le bon papier défiant toute concurrence ! »

Les compères ne sont pas sourds. Ils opèrent sur une table pliante à poignée ou se servent d'un parapluie ouvert et, deux secondes après, il ne reste sur la place que ceux qui ont été roulés.

Un travail délicat : la mise est fixée à 5 ou 10 F. Quand le jeu n'a pas été fait assez adroitement un compère est là qui forcément gagne. Les spectateurs sont mis en appétit par ce faux gain et jouent à leur tour. Est-il besoin de dire, ils perdent avec une régularité décevante.

Si par hasard les spectateurs ne se laissent pas tenter, la mise est de 20 F. Puis un deuxième compère vient proposer à un « indifférent » de jouer de moitié, et jure qu'on ne peut manquer de gagner. Il décide le naïf. Le jeu se fait à deux et le compère et son partenaire...perdent. Le compère, alors, l'air furieux, injurie le forain et continue à jouer, mais seul, il gagne.

Pendant des heures entières, des demi journées même, cette comédie a lieu. Nous serions heureux de voir nos braves gendarmes redoubler de vigilance, en pareille circonstance, et nous demandons en outre à Monsieur le Préfet, de donner des ordres fermes pour que nous ne soyons plus exposés aux entreprises douteuses de nomades trop nombreux, qui tour à tour exploitent nos concitoyens dans nos foires et jettent la terreur dans les fermes.

                                   CARDIAC

 

Important à lire :

Rassurons-nous ! Cet article est tiré du journal « Le Réveil Civraisien » du dimanche 30 juin 1907. Des tromperies pareilles ne peuvent plus se faire aujourd'hui !!!

 

 

Ce document a été trouvé par Louis Vibrac aux archives départementales en 2012.